Une tranche de France
Découvrez – ou redécouvrez – l’histoire de la marque Paraboot : sur fond d’histoire industrielle française, une aventure humaine, faite de rencontres de femmes et d’hommes passionnés ; une famille qui a lié son destin depuis maintenant 4 générations à celui de l’entreprise…
Bon voyage au cœur d’un univers préservé, où se mêlent traditions, audace et innovation !
Paraboot tourne une page de son histoire
Les deux usines d’Izeaux et Fures sont fermées. Toutes les activités de l’entreprises sont désormais réunies sous un même toit à Saint Jean de Moirans.
Une usine moderne et respectueuse de l’environnement où l’activité est rationalisée et la circulation de l’information facilitée. Paraboot ouvre une Boutique à Tokyo dans le célèbre quartier de Ginza et un à Sapporo. La marque revient au Printemps et aux Galleries Lafayette à Paris.
1945 -2015 : 70 ans que la Michael traverse les époques, les révoltes et les modes.
Sans oublier ses origines, le modèle évolue avec la société. Il se joue des âges, et porte fièrement les valeurs de la marque sur les cinq continents.
Entre « relookings » et collaborations, le modèle a connu 70 ans riches en émotions.
Paraboot ouvre sa deuxième boutique au Japon dans la ville d’Osaka où elle inaugure un nouveau concept.
La poursuite du développement du réseau Paraboot
Toujours installée à Izeaux, en Isère, la maison Paraboot est devenue l’un des derniers emblèmes du « Fabriqué en France » et de la « chaussure cousue » dans le monde de la chaussure.
Déjà présente aux quatre coins du monde, avec ses boutiques ouvertes ; Anvers (Belgique) en 1994, Tokyo (Japon) en 2001, Bruxelles (Belgique) en 2003, Paraboot assied sa présence à l’étranger.
La saga familiale continue
Avec l’arrivée de Marc-Antoine à la Production, Paraboot en est à sa quatrième génération.
Une nouvelle direction plus urbaine
Les collections se veulent dorénavant plus citadines, fabriquées selon les règles ancestrales des bottiers, à partir des matières les plus nobles. Le positionnement est haut de gamme, refusant le coté ostentatoire du luxe. Paraboot se diversifie et crée une véritable collection Femme, qui n’est plus la simple déclinaison de la collection Homme.
Les premières boutiques en nom propre ouvrent à Paris, Lyon et Nice en 1987.
Le plébiscite de « la » Michael sauve Paraboot de la disparition
Tout en négociant avec le Tribunal de Commerce, Michel Richard, recherche en Italie du matériel plus performant. Il essaye de comprendre les méthodes de ses concurrents italiens les plus redoutables. Il finit par rencontrer et négocier un accord avec « WP lavori in corso », un distributeur italien de vêtements de mode.
Les stylistes italiens ont décrété que l’homme devait changer d’apparence : fini le costume sombre, la chemise-cravate et les mocassins noirs à fine semelle. Place à la veste en tweed, au pantalon de velours et au pull à col roulé. Ne leur manque qu’une chaussure matérielle à grosse semelle, et alors qu’ils ont tout sur place, ils viennent chercher le modèle Michael de Paraboot.
Le plébiscite de « la » Michael sauve Paraboot de la disparition.
Cette mode prend vite , les commandes affluent, le plan de charge est assuré. Les fournisseurs historiques, épargnés lors du dépôt de bilan suivent ! Paraboot travaille avec les mêmes tanneries, depuis plusieurs générations, des fournisseurs qui sont avant tout des amis, qui partagent la même passion du métier et une confiance mutuelle… Tout cela fait la différence.
La période sombre
Conscient qu’il avait été un homme de produit et de contact, mais pas un homme de gestion, peu intéressé par les bénéfices, ni autres ratios financiers, Julien fait appel, en 1973, à son fils Michel, lui le diplômé, qui pantoufle dans une multinationale, pour rationaliser une entreprise qui s’est laissée prendre au piège des trente glorieuses, de l’expansion trop rapide, de l’inflation galopante et du crédit facile. Car les temps ont encore changé et les premiers chocs pétroliers sont passés par là. La rigueur est de mise, les rapports sociaux et bancaires doivent respecter des normes strictes, syndicats et banquiers ne sont plus si affables. Fin 1979 Julien laisse totalement le champ libre à son fils Michel. Michel, qui depuis 6 ans, essaie de réduire l’activité aux seuls marchés « rentables », diminuer les charges de personnel, tout en améliorant la productivité, généraliser l’informatique, rationaliser les programmes de fabrication, diminuer les coûts, sans augmenter les prix, rêve de pouvoir redresser le déséquilibre périlleux du bilan, totalement financé par les banques. Mais à l’aube des années 80, la petite manufacture de chaussures, qui réalise 45% de son chiffre d’affaires à l’export, subit de plein fouet l’effondrement du dollar et du yen, et la perte de ses plus gros clients. Ceux qui restent peinent à payer leurs factures en cours. Après deux ans de grandes difficultés, Michel Richard provoque le dépôt de bilan fin 1983 mais le syndicat et le tribunal de commerce veulent y croire. La poursuite de l’activité est accordée.
Orientation ; chaussures de l’extrême
Si le ski est rapidement abandonné, d’autres activités sportives sont abordées, qui donnent lieu à de nouvelles aventures humaines : en 1970, Gil Delamare et Colette Duval, les fiancés du ciel, sont à l’origine des modèles spéciaux pour l’équipe de France de parachutisme, championne du monde. Puis il y aura Paul-Emile Victor et ses bottes spéciales Terre Adélie en 1971, Haroun Tazieff pour étudier les volcans… C’est à André Turcat, pilote du Concorde et de l’Airbus, que l’on doit un modèle qui équipe toujours les pilotes des Mirage. Les mondes de la moto, de l’équitation, du ski de randonnée ne sont pas en reste.. L’entreprise Richard-Pontvert fabrique toutes sortes de chaussures techniques et crée même l’usine de patins à glace Alviera, en 1972. L’entreprise compte alors 650 employés.
Passion Montagne : la marque Galibier change et … grimpe !
Julien Richard doit trouver d’autres débouchés, partout où l’on peut avoir besoin de chaussures techniques, spécifiques, et pourquoi pas dans les loisirs sportifs, qui se développent.
La marque Galibier, désormais détrônée par Paraboot pour les chaussures utilitaires, devient l’illustration des premières chaussures de ski, d’après-ski et de montagne.
Julien découvre un nouvel univers composé de personnalités fortes et sincères. Chez lui se côtoient les plus grands alpinistes: Herzog, Mazeaud, Terray, Desmaison, Pollet-Villard, Royal Robbins…
Il oriente la production vers la montagne, l’escalade et la varappe, et délaisse le ski devenu à la mode et grand public. En quelques années, la marque Galibier devient leader de la chaussure technique en France et à l’étranger. Richard-Pontvert s’ouvre à l’export, Japon, USA, Italie partout où il y a des grimpeurs. C’est pour Galibier que les usines tournent et non plus Paraboot.
Un pari audacieux : le cousu à tout prix
Julien, le fils de Rémy Richard, entre dans la société en 1937, il a 20 ans La drôle de guerre, puis l’occupation mettent évidemment la production au ralenti faute de matières premières. On revient aux semelles bois et aux expédients. Les ouvriers alternent le travail en atelier, et la culture de champs loués pour l’occasion, dont le produit est redistribué.
La libération, la soif de retrouver tout ce qui a manqué, relance évidemment les usines, mais les conditions ont changé. La guerre a conduit la chimie à se développer. Les matières synthétiques apparaissent mais aussi les colles qui vont bouleverser les modes d‘assemblage.
De nouvelles usines de chaussures se créent, qui adoptent tout de suite les semelles en plastique, simplement collées à des tiges plus légères, fabrication plus simple, avec des ouvriers moins qualifiés. Ces chaussures « jetables » et moins chères, conviennent mieux à une clientèle, qui veut consommer après avoir tant manqué.
Les vieux centres traditionnels de fabrication périclitent, incapables de se réformer. L’entreprise Richard-Pontvert compte alors une cinquantaine d’ouvriers.
Julien, désormais, seul aux commandes, doit faire face à un dilemme ; changer ses méthodes de fabrication, et l’esprit de l’entreprise pour adopter le « collage » vers lequel vont tous les autres, ou persévérer en ciblant mieux ses clients.
Plus passionné de nature, de chasse de pèche que de ville et de salons, Julien Richard recentre la fabrication sur les chaussures à semelles imposantes et cuir épais. Toujours cousues « goodyear » ou « norvégien », elles sont destinées aux professionnels qui travaillent debout :; agriculteurs, maquignons, bûcherons, bergers, postiers, ouvriers, artisans, qui doivent pouvoir compter sur des chaussures robustes mais confortables.
Parallèlement aux brodequins techniques il crée quelques modèles plus « légers » pour les architectes, géomètres ou autres vétérinaires. C’est ainsi que le modèle « Morzine » voit le jour. En 1945 c’est le tour de « la » légendaire « Michaël ».
Homme de contact et de relations publiques, il dirige l’entreprise familiale au gré de ses rencontres et de son instinct. Il a choisi le produit rustique. Il abandonne donc la clientèle des villes sur laquelle se concentrent ses concurrents.
Dépôt de la marque Paraboot
Rémy Richard dépose le nom Paraboot en 1927, assemblage de « Para », un port d’Amazonie, d’où est exporté le latex, et « boot », la curieuse chaussure, que Rémy Richard a découverte aux États-Unis.
Rien à voir donc avec une quelconque marque créée pour un marketing à la mode anglo-saxonne. La technique et le style Paraboot sont nés !
Pourtant Rémy continue à fabriquer, sous la marque Extra, des chaussures plus raffinées, à fine semelle de cuir, pour les moquettes les plus moelleuses. Etrange dualité qui perdure.
Rémy restera un personnage singulier, autodidacte, plein de bon sens, sorti d’aucune école si ce n’est celle de la vie. Il aura toujours eu un œil ouvert sur le monde extérieur, et, malgré ses origines très modestes, n’aura pas hésité à louer le Lido pour présenter ses collections, à se faire photographier chez Harcourt, à porter l’habit Pour sa dernière invention un peu farfelue s’ il en est et restée sans lendemain. Il ira jusqu’à convier le Président de la République pour une démonstration de « l’homme flottant » traversant la Seine, revêtu d’une combinaison en caoutchouc.
Le caoutchouc, « l’ADN » de la marque Paraboot
Paris, Londres, Amsterdam… Rémy Richard a le goût du voyage et des expositions commerciales, où il collectionne les médailles.
En 1926, sans parler un mot d’anglais, il prend le bateau pour les Etats-Unis. Attentif aux innovations, il découvre, aux pieds des américains, les « boots » en caoutchouc, et surtout les vertus de cette matière, toute nouvelle, indifféremment appelée latex, hévéa ou gomme. C’est pour lui une révélation. Il rapporte donc cette matière, et un savoir faire à Tullins Fures, petite ville proche d’Izeaux, où il vient d’acheter un nouveau bâtiment d’usine.
Commence alors la fabrication de bottes et de boots garanties imperméables avec des « feuilles » de latex posées à la main, sur des embauchoirs en bois et vulcanisées dans des étuves.
Rémy Richard n’est pourtant pas novateur. En France, en 1853 l’anglais Hiram Hutchinson a déjà créé, une usine de bottes en caoutchouc, ancêtre du groupe Aigle ; il a racheté les brevets de Charles Junior Goodyear, l’inventeur de la vulcanisation, et ceux de son père, Charles Goodyear qui quelques années plus tôt a mis au point la machine à coudre, qui porte son nom.
Toutefois, , onze ans avant Vitale Bramani, le créateur de la marque « Vibram ». Rémy Richard invente les semelles crantées pour les chaussures montagne. L’Histoire aime à croiser les destins !
Puis l’idée lui vient d’utiliser ce caoutchouc pour remplacer les semelles de bois si peu chères, mais si peu confortables, et … qui s’usent si rapidement.
Manque la technique ; pour ce qu’il connaît, les dessus en cuir des chaussures (tiges) sont soit cloués aux semelles de bois, soit cousus aux semelles de cuir. Impossible avec des semelles en caoutchouc.
Il met donc au point un système de fine semelle de gomme, qui peut être cousue à la tige et ensuite collée avec du latex liquide sur une semelle en gomme plus épaisse.
Reste le problème de la vulcanisation ; une vieille presse à huile de noix (autre spécialité locale) permettra de cuire, donc vulcaniser, ces semelles dans des moules en acier, selon le principe d’un vulgaire gaufrier.
Désormais les chaussures de travail sont toutes dotées de semelles en caoutchouc, signe distinctif de la production des ateliers Richard Pontvert.
Premiers pas avec les « Chaussures Extra »
Par l’entremise d’un autre agent, qui l’a pris sous son aile, Rémy rencontre Juliette Pontvert, fille d’un riche notaire de la Sarthe. Il l’épouse en 1910, et crée la société Richard-Pontvert : le marié apporte son savoir-faire, ses dessins et son matériel ; la mariée, l’argent de sa dot en capital. Rémy lance la marque « Chaussures Extra » et une collection de fines chaussures haut de gamme.
Renvoyé du front où il a été blessé, il est chargé de réparer les chaussures, les harnais et autres matériels de l’armée.
A l’issue du conflit, il reprend son activité avec un certain succès. Il loue puis achète un local-dépôt à coté des Halles de Paris, pour être plus proche de ses clients, grands magasins, et aussi petites boutiques que fréquentent les bouchers, poissonniers et primeurs des Halles.
En 1920, il achète sa première usine à Izeaux, pour mieux maîtriser la fabrication, tant des chaussures sophistiquées à semelles cuir que des brodequins de travail à semelles bois, ou cuir mais cloutées. Pour ces dernières, il dépose, en 1922, la marque Galibier.
L’audace et l’esprit d’initiative de Rémy Richard
Fin du 19è siècle. Tout commence à Izeaux, petit village aux pieds des Alpes… Rémy-Alexis Richard, né en 1878, dans une famille de modestes paysans, devient ouvrier-coupeur chez Chevron, l’un des 20 ateliers de chaussures, du village isérois. Ces ateliers reçoivent les commandes de donneurs d’ordres « de la ville », achètent le cuir, le découpent, et font assembler à domicile les morceaux par les familles de paysans des collines alentour, avant de les fixer (clouer ou coudre) sur des semelles en bois ou en cuir selon le produit voulu.
Rémy Richard se rend alors vite compte que ces donneurs d’ordre des grandes villes gagnent plus d’argent que son propre patron, et il décide de tenter sa chance ; il monte à Paris avec les dessins de ses propres modèles pour les vendre, en tant qu’« agent de fabrique ».
Et cela fonctionne ! Il fait fabriquer « ses » premières chaussures, qu’il a vendues aux « grands » clients de Paris, par les ateliers d’Izeaux, dont celui qu’il vient de quitter. En 1908, il commence à embaucher son propre personnel.